(...)
La main dans celle de
Willan, Elyo tâtait le mur, à la recherche d'une porte, d'une
sortie quelconque...
Ses doigts effleuraient
la surface épaisse du mur. C'était horrible, horrible.
- Je ne veux pas y croire, répondit Willan, sanglotant, a sa question mentale. Ce n'est pas possible!
- Je crois que si, Will...
Un regard furibond
étincelait dans ses traits. S'il n'avait pas tenu avec tellement de
douceur la main de son jeune frère, on aurait pu croire que l'enfant
avait ou allait commettre un meurtre.
Elyo crocheta soudain la
poignée d'une porte en fer. Il tira, et un rai de lumière les
éblouis, instantanément.
- Le bureau de Karly...
Un sourire mélancolique,
inexpliqué, naquit sur leurs lèvres. Ils avancèrent.
(...)
« La lune, aussi
ronde et pleine soit elle, n'éclaire jamais comme le soleil. De ce
fait, elle est lune. Pas soleil. ... Papa était mort. Disparu dans
un méandre de souvenirs lointains. ... »
En une nuit, Elyo l'avait
chassé. Définitivement chassé. Juste Karly restait, persistait.
Hantait.
Pendant trois jours, les
deux enfants métis ne parlèrent plus, foulants le sol de la maison
trop vide.
Il manquait le père. Il
avait manqué la mère. Ils étaient seuls. Encore.
Couché sur son lit, Elyo
fixait le plafond, absorbé par sa contemplation, sans penser.
Willan, assis contre le mur, sur son lit, le menton dans la paume,
fixait l'extérieur de la fenêtre, silencieusement.
Un mouvement dehors les
fit sursauter tous les deux. Ils échangèrent un regard, puis
calmement, retournèrent à leur léthargie. Pendant quelques minutes
supplémentaires, Elyo resta silencieux, triturant une de ses mèches
courtes et noires.
- Le but de ces trois ans à venir va être de "grandir deux fois".
- Pense-tu que ce soit réellement possible?
Un ton vague, monotone,
bercé par la même rancœur, raffermissant leur exactitude d'être.
Elyo et Willan, Willan et Elyo. Dix ans, seuls dans la maison, avec
le savoir de l'existence de don, mais... seulement le savoir.
- Il faut qu'on lui obéisse.
- Non.
- On peut faire semblant de lui obéir.
- Il le remarquerait.
- Nous sommes deux.
Elyo tourna la tête vers
le mur, le visage dans les bras.
- On peut tenter de le manipuler, comme il nous manipule.
- Oui.
- Je veux juste qu'il se sente humilié. Comme nous avons été humiliés.
- J'aimerais savoir d'où viennent ces enfants sacrifiés...
- Peu importe. Je ne veux plus... je ne veux plus penser à eux.
- Tu dis cela, mais tu sais très bien que c'est impossible.
- Je m'en fous, Willan.
- Alors... Nous les manipulerons. Karly, les trois autres, et "celui qui commande"?
- Tous. Jusqu'au dernier.
- "Il n'y aura pas d'amitié. Juste une utilisation complexe des sentiments. Il ne s’y attendra pas." C'est ce que nous nous sommes dit, n'est-ce pas?
- Oui.
- Karly ne doit pas s’y attendre. Il pense que nous nous lieront d’amitié avec eux.
- Ce que nous feront avec…réserve.
- ... Il n'aurait jamais du nous montrer ce massacre.
- C'est tant pis pour lui. On va lui montrer qui est le plus fort.
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