vendredi 8 février 2013

32. Spirtyan in the place !



Voilà.
Cela faisait sept semaines, deux jours et des poussières. Mais... voilà. C'était terminé.
Tulio et les membres de sa famille les avaient salués une dernière fois, avant de disparaître.
Voilà.
Les portes de la frontière étaient passées, ils étaient à Reiche Stadt.
  • Waaaaaaaouh! Murmura Willan.
Les autres ne trouvèrent rien à redire. Tout autour d'eux, dans une ville en mouvement, les merveilles visuelles s'étalaient : les architectures luxueuses ou modestes, mais toutes empreintes d'une beauté unique, des statues grimaçantes sur le toit des vielles bâtisses, ou les beautés gracieuses figées dans la pierres, les étendues de lumières et les tapis ténébreux, les bousculades sur les trottoirs et les silences calmes dans les maisons, les cris de joies d'enfants et les chants des oiseaux dans les gouttières d'argent... Argent...
Ce mot était présent partout : les portes de fer sculptées minutieusement, les fontaines de fer fondu, les hauts lampadaires noirs aux arabesques métalliques, les façades des bâtiments importants, les toits miroitants au soleil, les arbres aux feuillages d'acier, dont les lourdes feuilles se balançaient paresseusement dans le vent...
Reiche Stadt, la ville argentée.

Reiche Stadt était bâtie sur un plan architectural singulier : comme un arbre dont les branches se tendent vers le soleil, Reiche Stadt se levait, majestueuse, vers le ciel.
Neufs niveaux. Sur neufs niveaux, la ville s'étalait, en cercles, se dilatant au fur et a mesure, dans une idée de spirale hexagonale. Les remparts qui protégeaient les différents niveaux étaient larges, et hauts, et une chute mortelle ne pouvait être accidentelle. Des six premiers niveaux, la vie et la joie se faisaient sentir, mais, sur les derniers étages blancs et argentés de la ville, le silence était planant, mais apparemment naturel...
Effroyable vision que celle qui s'offrait a quiconque levait la tête: parmi les nuages, auréolant la ville et surplombant de sa puissance le montagne royale, perché sur le plus haut des étages, et semblable a une créature fabuleuse se dorant au soleil, Roc dominait.
Roc.
Le gigantesque château blanc, demeure royale.
Inaccessible pour quiconque n'appartenant pas a l'élite.
Elyo le fixait, sans pouvoir en détacher son regard. Même du premier niveau, il était inévitable. Et incroyablement beau.
Il fut secoué par la main de Fline. Combien de temps avait il fixé Roc? Elyo ne le savait pas et ce brusque revirement à terre le laissa pantois.
  • Oui?
Bleue le fixa. Elle ramena une mèche marine derrière son oreille et lui sourit distraitement.
  • Comment fais-t-on, maintenant?
Elyo ne comprit pas tout de suite. Puis, il sourit.
  • Notre but, ici, déclara t'il au petit groupe, est de trouver le maximum de renseignements sur l'Heimer. Et aussi... nous devons retrouver Karly. Il est une source d'information à ne pas renier.
Bleue le fixa. Elle observa un moment son air déterminé.
  • Trouvons d'abord un endroit ou dormir, ce soir, nous réfléchirons mieux avec un repas dans le ventre.
Le soleil se couchait en effet, et dans quelque heure, la nuit tomberait. Autour d'eux, toutefois, les gens continuaient leurs occupations, sans se soucier d'eux, ou de l'heure.
Willan chercha des yeux une auberge, et soudain, il tendit le doigt dans la même direction qu'Elyo, et déclara en même temps : « Là! »
Synchronisation parfaite...
En échange de cinq sous, les quatre jeunes gens purent passer la nuit dans cette auberge, où personne ne leur posa de question par rapport à leur âge. Ils demandèrent à ce qu'on leur apporte leur repas dans la chambre qu'ils partageraient à cinq. Vers dix huit heures, après une douche soulageante, ils se réunirent dans la confortable chambre. Chacun s'assit sur son lit, attendant la phrase qui viendrait rompre le silence.
Ce fut Bleue qui se décida.
  • Par ou commencerons nous ?
Le feu dansait dans la petite cheminée. Elyo ouvrit doucement la bouche.
  • Commençons....
  • ...par le commencement. Acheva Willan.
Ils ne se regardaient pas. Comme de nombreuses fois, leur cerveaux étaient en parfaite harmonie. Cette synchronisation déstabilisante devenait de plus en plus forte. Plus les jours passaient, et plus l'union de leur esprit se perfectionnait.
Le feu miroitait des reflets mordorés sur leurs visages soucieux. Elyo répéta.
  • Commençons par le commencement. Récapitulons.
Il ouvrit les bras, et inspira.
  • Nous avions dix ans. Le jour d'une fête de la ville. Des hommes en blancs sont arrivés à Faier-Hayrdhann. Et Karly est entré dans la chambre, ainsi que des hommes. Durant cette journée, nous avons découverts que nous possédions des dons enfouis. Des dons difficilement manipulables... Presque abstraits. Ensuite, -il marqua une pause-, Karly a disparu en nous ordonnant de travailler pendant trois ans, de chercher quelque chose... Puis, il a dit qu'on devait trouver l'essence même de l'Heimer. Ces trois passés, nous vous avons rencontré. Pendant sept mois, nous avons voyagé dans le but de nous rendre à Reiche Stadt. Et maintenant. Maintenant que nous somme ici, que nous avons quatorze ans, que faisons-nous ?
Ces derniers mots étaient tombés dans l'esprit de tous, tranchants comme des épées. Personne ne pouvait répondre.
Sauf Elyo.
  • Cherchons-le.
Il avait redressé son visage sombre, ou les flammes se reflétaient. Avec un sourire.
  • Cherchons notre professeur.
Willan s'interdit de le chercher du regard. Il fixa ses yeux émeraude sur les flammes crépitant. Elles réchauffaient doucement son visage.
  • Oui. Allons le trouver.
Bleue rompit doucement le silence qui de nouveau s'était installé.
  • Où est-il ? Qui est-il ? Ce sont deux questions importantes dont je n'ai pas la réponse.
Fline tourna ses yeux de cristal vers les deux jumeaux, qui murés dans un silence impénétrable, ne bronchaient plus.
  • C'est … quelqu’un a partir du moment où il nous a donné son nom, à considéré qu’il n’était pas nécessaire d’en rajouter plus.
  • Pourquoi donc ?
Willan soutint un instant le suspens, mais pas par plaisir. Il frissonna au souvenir de leur rencontre avec cet homme. L'impression qu'il leur avait faite avait été tout sauf... normale.
Son regard revint rapidement vers Elyo. Comme lui, les yeux verts étaient fixés sur l'autre.
  • Je pense qu'il devait savoir que nous n'en aurions pas besoin.
Bleue sursauta. Elle fixa son regard brulant sur Elyo.
  • Et pourquoi cela ? Il se croit aussi unique pour qu'avec un seul nom on puisse le retrouver ?
A sa grande surprise, Elyo et Willan eurent le même sourire. Un sourire que l'on a lorsqu'on sait une chose. Une chose que les autres ignorent.
  • En fait, je crois qu'il ne s'attend pas a se qu'on vienne le retrouver...
Elyo tourna son visage vers elle.
  • Notre cher professeur... a pour nom Villi Tylmaridior.

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