vendredi 8 février 2013

4. Un rêve absurde teinté de réalité.



Une voix sourde gronda dans le noir. Elle ne semblait pas appartenir à Karly, et pourtant elle résonna avec des intonations familières.
« ...Elyo, je t'accorde du pouvoir des illusions. Tu contrôleras la face caché des choses, celle qu'on ne voit pas. Willan, je t'accorde du pouvoir de la lumière. Éclaire ta propre route. Elyo, quand tu seras près, tu me chercheras. Quand tu seras prêt, tu viendras me tuer... comme tous les autres avant toi. Ne t'attache jamais aux femmes, car elles seraient les premières à te tuer. Willan, tes yeux sont tournés vers un miroir. Regarde et détruit les reflets, sans jamais hésiter. Mais quand le bleu devra te guider, tu seras impuissant à ce moment là. La nuit te seras fatale, alors.  »

(...)


  • Les prototypes Un et Deux sont prêts. Elyo et Willan Spirtyan.
Elyo inspira difficilement.
  • Qui êtes vous?
  • Moi? Oh, Elyo, tu me choque. Tu ne reconnais pas la voix de ton père? De ton gentil papa?
Un silence de mort plana. Il semblait à Elyo que ses poings refermés avaient comprimés la circulation de son sang jusqu'au bout de ses doigts, et lentement, il les détendit, les muscles bandés, comme un lièvre qui chercherait à fuir par la course.
  • Papa... que se passe-t-il? Pourquoi nous avons tu amené ici? Pourquoi tu nous as montré...
  • Je tiens à m'excuser de vous avoir menti. Mais autant vous prévenir tout de suite: tout ce que vous avez cru sur moi, sur votre mère, sur vous, jusqu'à aujourd'hui était faix. Faites avec.
Elyo se mit à trembler. Cette histoire devenait terrible, et Willan près de lui avait ce même horrible pressentiment. Ils s'approchèrent l'un de l'autre, affectés par ce noir dense, autour d'eux.
  • Je suis Karly Spirtyan, du moins, c'est ce nom que je porterais pour vous. Mais je ne vous donnerais évidemment pas mon nom véritable... Et pourquoi cela? Parce que je ne veux pas que vous sachiez me maîtriser. Mon nom en votre possession, vous seriez plus dangereux que quand vous avez fait la crise alpha.
  • Qu'est ce que c'est?
  • Tous les six ans, votre organisme se dérègle de telle manière que vous devenez de vrais petits monstres à tuer tout ce qui bouge.
  • Je … je ne m'en rappelle pas! Si c'était vrai, je devrais me souvenir de cet événement! Insista Elyo, nerveux.
  • C'est normal, la voix de Karly devint amicalement froide, votre cerveau l'a effacé de votre mémoire. Elle est chronique. Tous les six ans …
  • La prochaine, il ... il va y avoir une seconde crise ? S'écria Willan.
  • Lorsque vous aurez dix-huit ans, mais calmez vous, détendez vous, nous avons tout le temps, en fait, nous avons l'éternité, désormais. Tout ceci n'est rien d'autre qu'un énorme cercle sans fin.
Elyo attrapa le poignet de Willan, dans une vague tentative de se calmer.
  • Elyo, pourquoi tout le monde te déteste? Pourquoi les enfants de ton âge t'insultent?
Elyo serra le poing.
  • Tu ne sais pas, n'est ce pas?
Il y eu un moment de silence.
  • Willan, pourquoi est ce que je ne te parle jamais de ta maman?
Des tremblements de peur et de fureur secouèrent le corps de Willan. Tous deux fixaient devant eux, mais les ténèbres les empêchaient de voir leur père.
  • Elyo, qu'est ce qui t'a sauvé à la bibliothèque, durant l'incendie? Pourquoi Willan n'était pas là, et pourtant as-tu pu voir ce visage qui ressemblait au tien?
Il y eu un froid qui gela Elyo jusqu'à dans ses os.
  • Posséderais-tu un don? Un pouvoir qui ferait de toi un être supérieur?
Elyo sentit le regard empli de larme de Willan se poser sur lui.
  • Serais tu différent de tout ces êtres humains?
Elyo était paralysé. Il n'avait rien dit à Willan.
  • Seriez-vous différents? Oui, vous les possédez, n'est ce pas? Au fond de votre corps. Une chose qui s'agite. Mais, le serpent n'est sorti des entrailles que d'Elyo, pas vrai? Oh, pauvre Willan, tu es encore en retard... toujours, tu es toujours derrière ton frère. Tu es recouvert par son ombre. On ne voit que lui. Je n'ai vu que lui. Toi, mon petit Willan, tu étais, pleurnichant, à essayer d'attraper des Juans. Alors que lui grandissait. Son âme s'est transformée, et son don s'est développé. Il a eu peur, très peur, mais il grandi. Toi, tu lisais. Encore et encore. Nonobstant..., je vous ai regardé. Et une chose me dérange. Vous vous aimez. Trop. Savez vous que vous n'auriez pas du naître jumeaux? Mais il y a eu une erreur de programmation, et vous serez donc cinq, au final... Cinq à quoi, n'est ce pas? C'est simple, à accomplir ma volonté. Même si vous me haïssez, même si vous me fuyez, le destin est en marche. Le destin, votre destin, est de m'obéir. Cela est inscrit au plus profond de vous, gravé dans chacune des milliards de cellules qui composent votre corps. Même votre esprit est déjà tourné vers moi. Il ne me reste plus qu'a faire plier vos âmes, et enfin vous serez à moi.
Il inspira.
  • J'ai programmé tout cela. Vous allez vous entraînez à devenir plus forts, comme si vous grandissiez en deux fois, et enfin, vous viendrez me chercher. Simple. Rapide. Mais au bout du compte, vous allez perdre. Je le suppose. Puisque même en gagnant, vous mourrez. Que ce soit à vos dix sept ans, ou à quinze, nous nous reverrons. Que ce soit ici, ou dans un autre univers.
Je vous l'ai dit, tout est programmé. Le virus, appelons le comme cela, qui vous terrasse chaque samedi, ce n'est rien. Rien comparé à ce que vous devrez affronter. Mais, ce ne sont que des tests. Des tests qui ont pour but de vérifier que vous n'êtes plus des prototypes.
Que l'Heimer peut débuter.
L'Heimer... c'est un mot provenant d'une langue étrangère. Une langue qui n'existe pas en ce monde. Une langue que l'on utilise sur la Terre. La Terre, une planète pourrie jusqu'aux os, ou la destruction sera monstrueuse et immédiate. Et cela parce que je fais toujours les mêmes erreurs. Mais, désormais, mon territoire de jeux, c'est ce monde là. Mêle si je sais qu'un jour vous vous rendrez là bas. Certainement quand le temps sera venu, et quand vous rencontrerez ceux qui ont le même visage que vous. J'espère pour vous que vous saurez être assez forts, à ce moment là.
Vous avez respectivement dix ans. Officiellement. Je vous laisse trois ans. Trois ans pour apprendre à maîtriser ces dons, trois ans pour endurcir vos corps et vos esprits, trois ans pour trouver les deux autres, et trois ans pour me prouver que vous n'êtes plus de simples prototypes. Je vous laisse donc ces trois années pour grandir d’une manière différente… Écoutez bien ce que je vais dire.
Trois ans, pour découvrir trois autres jeunes, de votre âge. Ils vous ressemblent, semblent normaux, mais au fond d’eux se cachent un pouvoir démentiel. Vous allez vous attacher à eux. Il faut que vous soyez ensemble. Si jamais, par erreur, vous deveniez ennemis… il ne faudra pas me demander de vous sauver de celui qui commande.

Karly sembla soupirer dans les ténèbres.

  • Ils seront comme vous trois enfants, et maîtriseront bien leur Dons, contrairement à votre situation actuelle. Ces derniers ne seront pas très puissants, mais maniables. Aimez-vous. Respectez-vous. Il est important que votre union soit indémodable. Comme une chaîne. Rappelez-vous que l’union fait la force.


Elyo sentit la voix disparaître. Il voulait hurler. Il ne comprenait plus. Que se passait-il? Pourquoi ce rêve dans lequel il avait sombré ne se dissipait-il pas? Comme un monstre jeté sur eux, l'épouvantable vérité de leur destiné prenait la totalité de son sens en devenant vrai à leurs yeux: ils découvraient que, quoi qu'ils fassent, tout avait écrit et programmé à l'avance. En soit, cela consistait à une souffrance terrible. Dont la délivrance ne dépendait que de leur soumission.

(...)

Lentement, Elyo s'assit sur le séant, fixant le vague. Il avait fait un rêve étrange. Un rêve qui ne s'oublie pas. Il avait rêvé que le monde était devenu fou.
  • Willan?
Des sanglots lui répondirent. Ils n'étaient pas dans leur chambre. Un lit blanc, d'examination, qu'ils partageaient, dans une pièce sombre, uniquement éclairée par une lumière blafarde. Elyo se mit à pleurer, lui aussi. Quel rêve absurde.

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