vendredi 8 février 2013

25. Utilisation du don de Willan.


  • Alors?
  • Sa main et son bras droits sont brûlés, mais superficiellement, heureusement. Par contre, sa jambe gauche est dans un état beaucoup plus critique.
Elyo ouvrit un œil. L'ambiance rouge et or avait laissé place à une atmosphère froide, voire glacée.
Willan prit la main de son frère, et sourit misérablement.
  • Elyo ? Tu vas bien ?
  • Je crois que je suis mort, j'ai raison ?
Bleue rit. Elyo se leva. Sa tête se mit soudain à violemment tourner. Willan le rattrapa avant qu'il ne s'écrase le crane contre le sol.
  • Elyo! Mais tu ne vas pas bien du tout!
Un goût âpre lui monta dans la gorge. Il allait vomir. Il se détourna et cracha. Willan était de plus en plus inquiet.
  • Elyo...
Il se retourna vers Bleue qui fixait le corps haletant d'Elyo.
  • Sommes-nous samedi?
  • Non... On est lundi.
  • M... Je ne comprends pas. Elyo, allonge-toi sur le flanc, et respire bien.
Il se leva.
  • Bleue, peux-tu préparer le feu, je vais aller chercher de l'eau... Elyo, calme-toi
Willan s'agenouilla devant son frère fiévreux. Il replaça une mèche en spirale derrière l'oreille de son frère.
  • Je m'occupe de tout.
Il l'embrassa sur le front, brièvement, puis le contempla une seconde. Leur regard vert se croisèrent, se mêlèrent, et leur union psychique anima d'un incendie émeraude les yeux des garçons.
  • Bleue, allume le feu.
Willan attrapa un bout de tissus, une gourde et bondit sur le sentier, un bruit léger l'informa que son Kalionss le suivait.
  • Vite.

(...)

Moins d'une heure après, Elyo, titubant, était de nouveau sur pieds. Willan et Bleu, exténués, s'occupaient de son bras. Il remarqua que tout l'épiderme de son avant-bras était carbonisé, en plus d'une impressionnante balafre ensanglantée. Bleue avait affirmée qu’elle s’en occuperait plus tard.
  • Une branche m'est tombée dessus? Demanda-t-il
  • Ouais, et tu restais immobile dans le charnier, comme un idiot, marmonna Willan, encore secoué.
Elyo ne put s'empêcher de sourire. Il leva la tête et ce qu'il vit le troubla intensément.
  • Euh... qui a éteint l'incendie?
Il y eu un moment de silence, puis Willan murmura doucement.
  • C'est moi...
Totalement perdu, Elyo le fixa.
  • Je... Quand je t'ai vu t'arrêter, j'ai compris qu'il se passait quelque chose...disons que… j'ai hurlé pour que tu te reprennes, mais tu me fixas, sans conscience. Et là, j'ai vu la branche...
Il baissa les yeux, et Bleue et Fline tournèrent leur regard vers la gauche. Elyo se détourna lentement.
La branche devait peser une douzaine de kilo à elle toute seule. Sa surface carbonisée s'était écrasée au sol, créant un affaissement au lieu précis de sa chute.
Un affaissement d'une quinzaine de centimètres …
Elyo déglutît. S'il s'était pris cela sur la tête...
  • Je l'ai vue tomber, pile sur toi, et j'ai tendu le bras devant moi...
Il ne pouvait continuer. Sa gorge, nouée par la crainte d'avoir failli perdre Elyo.
  • Un éclair est sorti de sa main. Enfin, ce n'était pas vraiment un éclair, c'était plutôt une gigantesque déflagration... une distorsion de l'espace hahaha... une gigantesque force immatérielle qui nous a propulsé sur les fesses, et j'ai juste eu le temps de voir la forêt devenir noir et bleue, et toi tomber sur le coté, puis soudain un gigantesque froid m'a envahie, et, j'ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts...
Bleue se stoppa, en remarquant soudain la violence du regard de Willan. Ce dernier fixait son frère, et lui tendit ses doigts, en offrant la paume de sa main au ciel.
  • Elyo, touche ma main.
  • Pourquoi?
  • Mais fais ce que je te dis, bon sang !
Surpris, l’aîné étudia le visage de son jumeau, comme pour évaluer à quel point celui-ci était sérieux, puis toujours sans comprendre, s'empara directement de la main tendue, comme pour la serrer. Un bref cri de douleur explosa hors de ses lèvres et il se redressa, furibond, en secouant sa main.
  • Mais... tu brûles!
Willan regarda sa main. Il pouvait la toucher aisément, lui. Il commençait à comprendre.
- Elyo… la forêt est devenu noire, ma main brûle... tu t’effondres. Et, le froid.
Elyo était sidéré. Mais oui!
  • Ce serait...
  • Oui...
  • Willan, Elyo, qu'est ce que...?
Les deux garçons n'écoutaient plus les faibles tentatives de la jeune fille pour essayer de les faire comprendre à elle et à Fline ce de quoi ils parlaient, avec cette voix empressée d'émotion.
  • Et, avec le Kalionss?
  • Hmmh, forcément.
  • L'Heimer.
  • Quoi?
  • Le don de Willan, il vient de l'utiliser, son don s'est réveillé...
  • Mais.
  • Je pense que Willan capte la chaleur, ou le feu... Non, la chaleur, plutôt, le Kalionss n'était pas entourés de flammes.
  • Willan, tu...
  • Oui. Je dois pouvoir ôter la chaleur à toute combustion, à toute chose.
  • Willan, vite essaye.
  • Hein?
  • Si je suis tombé, c'est certainement parce que ta déflagration m'a ôté une grande partie de ma chaleur corporelle, et…hm…grâce à ma chute, j'ai pu éviter la branche; toutefois, tu n'as pas maîtrisé, et j'ai failli mourir lors de la déflagration... Mais, ce n'est pas grave... essaye de... refroidir cette plante.
Elyo montra du doigt une fougère éclairée par un brin de soleil.
Willan tendis lentement la main vers la plante, et doucement, posa sa paume sur la tige brune. L'effet fut immédiat. La tige se recroquevilla sur elle même en un sifflement aigu, les feuilles se blanchirent d'un coup, devenant épaisses et grasses, et dans le même élan, la fougère se courba, dans un mouvement gracieux. Morte.
  • C'est génial, murmura Elyo.
  • C'est dangereux, rectifia Bleue.


Après s’être calmés de leurs enthousiasme à tous, Bleue s’improvisa infirmière, et s’occupa du bras d’Elyo. Avec une grimace déconfite, ce dernier songea que ce n’était pas du tout l’idée qu’il se serait fait d’une aide-soignante : aucune douceur, ni de sensualité, … juste de l’efficacité et une précision redoutable. Le mieux était de ne pas bouger. Même si Bleue savait coudre.

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