vendredi 8 février 2013

10. Les cycles des Kalionss.



Le vent se leva dans la pleine, s'infiltrant dans les arbres. Vint secouer les cheveux des voyageurs égarés. Le soleil chutait rapidement, et il allait faire froid.
Bleue avait terminé son récit, maintenant.
Elle se tut un instant.
  • Retrouvons nous dans six mois, à midi. Entraînons nous chacun de notre coté, et dans six mois, au solstice de printemps, retrouvons nous ici. Si nos destins sont croisés, nous ferons route ensemble, et ensemble, nous rechercherons nos origines
  • Mais... c'est incroyable! Et... et si... cela était prévu? Comment? Pourquoi?
  • Willan, c'est cela ton nom, n'est ce pas ? Écoute, je ne sais pas. Je ne fais qu'obéir à des instructions qui m’ont été données il y a deux ans: « Durant deux ans, cherchez au fond de vous, puis quand vous les aurez trouvez, tous les deux, partez avec eux. Mais attendez d'abord. Soyez sur que ce sont eux. Et, surtout ne leurs parlez pas. »
  • Tu n'a pas vraiment obéie, n'est ce pas ?
  • Non. Écoutez, si nous sommes liés par cet Heimer, notre route est entrelacée. Entraînez-vous, faites ce qu’a dit votre père. Le mieux est de ne pas s’attirer ses foudres pour le moment. Et... à dans six mois. »

Elle était partie, sans un dernier regard. Fline s'était retourné.
« Au revoir. »
Elyo regarda Willan. Puis, ils pleurèrent, leur détermination soudainement ébranlée. Est-ce que Karly ne serait pas plus fort, au final ? Est-ce que cela vraiment à quelque chose d’essayer de décider alors que leur père avait clairement dit qu’ils rencontreraient des gens comme eux, et qu’effectivement, sa prémonition s’était réalisé ? Est-ce que cela servait à quelque chose que de se battre contre ce qui semblait déjà écrit ?

(…)

Ils avaient alors passé leurs temps dans la bibliothèque, dans la forêt, s’entraînant à la course, à la natation, a l'escalade. Tout ce qui leur semblait nécessaire afin d’affronter sans lacunes les épreuves à venir, épreuves promises par Karly.
Mais aucune fois leurs dons ne réapparurent.
Quand cinq mois se furent écoulés, ils décidèrent, au terme de l'échéance, d'aller vivre dans la forêt, n'emportant que le strict nécessaire.
Willan, décida un jour d'aller, seul, dans la montagne.
Il marchait d'un pas souple. Son corps s'était endurci. Il empruntait un sentier depuis quelques minutes. La lourde pelle traînait derrière lui. Il avait quelque chose d'important à faire.
La rivière s'était élargie. Les arbres s'étaient obscurcis. Il traversa la rivière en nageant. Cela faisait cinq mois qu'il n'était pas revenu ici. Il sortit de l'eau, et put apercevoir le cadavre abandonné.
Il était là et les souris avaient presque tout mangé. Il restait les os et quelques surfaces recouvertes de rares poils rêches.
Willan s'assit près du cadavre du Kalionss. Ses mains se baladèrent sur les côtes parfaitement visibles. Il abaissa légèrement son torse, cherchant à observer la forme du bassin. Ce dernier confirma ses suppositions : l’animal mort était une femelle.
Willan prit de l'eau dans une épaisse écorce et la versa sur les derniers poils restant du cadavre. Il peigna avec ses doigts la fourrure humide.
  • En fait je ne sais pas comment je t'ai tué.
Willan posa sa main sur la mâchoire du Kalionss et inspirant, pria. Comme Elyo, autrefois.
  • Père Créateur et Tout Puissant. Seigneur Dieu. Accepte l'âme de Ta créature, et pardonne lui ses pêchées. Que Ta bienveillance dévoile son Amour, et que cet être vivant te rejoigne.
Amen.
Puis, après quelques instants de méditation, il se leva, et choisi un endroit éclairé par un rayon du soleil couchant : entre les gigantesques racines d'un vieil arbre noueux, dont les branches, souple, tombantes, étaient garnies de milliers de minuscules fleurs grises, se balançant doucement dans le vent .Une terre rougeâtre, et des trèfles noirs et rouges recouvrant le sol terreux. Un lieu de repos parfait. Le calme et la beauté pour dernière demeure à une créature puissante et mortelle.
La pelle s'enfonça facilement. Willan creusa profondément. Un trou circulaire. Presque parfait.
Willan remonta. Ses vêtements étaient maculés de terre humide, et ses mains étaient cloquées. Mais la mort se respectait. Il prit dans ses bras la lourde carcasse du fauve, et veillant à ne faire chuter aucun os, se rapprocha du trou. La difficulté de l'exercice le fit haleter, mais il alla jusqu'au bout.
Il se coucha lentement sur le sol, et tendant les bras, déposa le plus délicatement possible la carcasse dans le trou. Puis, il reprit sa pelle et s'apprêtait à recouvrir le trou quand il se figea. Il courut vers la rivière, et feuilla une plante aquatique. Puis, il déposa le végétal entre les mâchoires puissantes, considérant qu’il était nécessaire de faire un cadeau posthume au Kalionss.
Le tertre était rougeâtre. Une croix de bois la surplombait. Un petit bouquet était posé sur la terre retournée. Willan observa la tombe une dernière fois, puis, se mit en route.
Il ne mit pas beaucoup de temps, ses talents de pisteurs étaient exceptionnels. Les griffures, les traces presque effacées, les poils, les excréments. Il mit moins d'une heure. Dans une grotte, emplie de végétation, il trouva la tanière du Kalionss. Et ses craintes s'avérèrent juste. Des coquilles brisées, des corps inertes jonchaient le nid du Kalionss.

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